Comme par enchantement, le discours a complètement changé du côté de la sélection après le tirage au sort du Mondial. On est passé d’un discours timide où l’on puisait dans les arguments défensifs pour expliquer le petit volume du jeu face au Mali et à la CAN, à un discours ambitieux, qui met la barre du second tour comme objectif et qui se base, on ne sait comment, sur des moyens et des qualités qu’on n’a pas vus face au Mali. Est-on conscient qu’on se complique la vie en quêtant un second tour dans un groupe où il y a la France et le Danemark ? C’est beau et c’est motivant d’être ambitieux, mais en même temps, ce n’est pas sensé de se mettre sur le dos des objectifs assez compliqués. Comment une équipe, qui s’est créé une seule occasion en deux matches et qui s’est qualifiée sur un but contre son coup de l’adversaire, pourrait-elle passer ce fameux premier tour ? Il faut des moyens, c’est-à-dire des joueurs et des automatismes et des idées de jeu qui puissent rivaliser avec des adversaires de haut calibre. Et pour le moment, ces moyens n’existent pas. Le profil de notre équipe est celui d’une équipe qui aime défendre et attendre pour pouvoir surprendre l’adversaire sur des accélérations ou des tentatives individuelles. Ça peut marcher en coupe arabe, à la CAN face aux favoris, mais au Mondial, et pour gagner, il faut beaucoup plus. Façonner la réalité comme on le veut pour se faire plaisir et avancer ce «trompe-l’œil» est d’une «légèreté» nuisible.
A part l’exceptionnelle équipe de 1978, dont la qualité technique était merveilleuse, toutes les autres sélections qui ont atteint le Mondial n’ont rien fait. Une seule et insignifiante victoire, alors c’est un peu fou de passer du jour au lendemain au second tour. Pour le faire, il faut un vrai miracle, des joueurs qui se transforment en quelques mois, et surtout des ww d’un jeu offensif. Et jusqu’à aujourd’hui, pas d’indices que notre équipe va se métamorphoser. Le mondial, c’est une autre histoire, c’est un niveau si exigeant. Se qualifier déjà au mondial pour notre équipe est une énorme réalisation. La chance nous a souri depuis le premier tour avec Kebaïer. Et la chance n’est pas un facteur prévisible. Ce n’est pas une question de sélectionneur, un autre nom à la place de Kadri ne va pas «révolutionner» le profil de l’équipe de Tunisie. Ce sont des moyens et également une valeur technique et mentale qui doivent être confirmés au fil des sélectionneurs. Et ce groupe de joueurs, dont l’ossature est presque la même depuis 5 ans, a tout donné. Peut-être bien que ces joueurs peuvent oser plus et nous offrir un football plus incisif, mais ils sont très loin des joueurs de grand niveau, comme ceux de la France et du Danemark. Ne rêvons pas trop, ça peut tourner vite en grand cauchemar !